La CPME de Polynésie française réservée quant à l’adoption d’une loi sur la protection de l’emploi local

 

La CPME de Polynésie française tient à informer les chefs d’entreprise de la position qui est la sienne au regard du travail de fond entrepris par le Gouvernement en vue de l’adoption d’un texte relatif à la protection de l’emploi local.

La volonté affichée de travailler autour d’un tel texte pourrait faire croire que les entreprises de Polynésie française ont régulièrement recours à des embauches « externes ».

Or, il convient de remettre en perspective la réalité des chiffres qui aujourd’hui démontrent que 85 % des embauches faites par les entreprises polynésiennes concernent les personnes natives de Polynésie française. Il est intéressant de noter que ce chiffre ne tient pas compte des embauches des personnes résidentes, non natives de Polynésie française.

L’analyse de ces données nous démontre clairement que les entreprises polynésiennes jouent pleinement leur rôle dans la promotion de l’emploi local puisqu’environ 90 % des embauches bénéficient aux personnes natives de Polynésie française ou y résident.

C’est donc avec beaucoup de scepticisme que les entreprises accueillent un texte dont la portée ne concernera finalement que 10 % des embauches en contrepartie d’un travail démesuré, dont l’administration elle-même ne semble pas maîtriser toutes les données et dont l’application sera plus que difficile. On notera d’ailleurs la non-consultation des partenaires du secteur privé en amont de ce projet.

Outre les difficultés énormes de mise en place, l’application de ce texte donnera les pleins pouvoirs à une commission issue de l’administration publique en vue de décider si les entreprises pourront embaucher librement selon les secteurs concernés et les qualifications requises.

La CPME de Polynésie française rappelle qu’un texte de même envergure a été adopté en Nouvelle-Calédonie, dont les représentants du secteur privé sont venus récemment en Polynésie française, témoigner de son inefficacité ainsi que des nombreuses difficultés à sa mise en place. Le message des représentants calédoniens a été très clair, le texte ne fonctionne pas !!!

Malgré la crise qui a fortement impacté l’économie de notre Pays depuis 2007, nos entreprises ont largement tenu leur rôle d’insertion sociale et professionnelle, en axant leurs priorités d’embauche en direction des Polynésiens, sans nul besoin d’une quelconque accréditation administrative publique.

Les entreprises ont toujours su promouvoir et prioriser l’emploi local en gardant à l’esprit une notion essentielle de la gestion des ressources humaines d’une entreprise : l’employabilité d’une personne ne se résume pas à la seule obtention d’un diplôme, quel qu’il soit.

En effet, si l’obtention d’un diplôme peut être le garant d’un socle d’acquisitions, il n’est pas le seul critère retenu par les chefs d’entreprise dans le choix d’un candidat. La présentation, la façon de se comporter, la motivation, l’expérience, le parcours professionnel, etc…   peuvent aussi être des critères tout aussi décisifs et même souvent plus importants qu’un diplôme de fin d’études.

Ce ressenti appartenant au chef d’entreprise lors de la réception des candidats, il paraît aberrant de mettre ce même chef d’entreprise sous tutelle concernant le choix d’un candidat local à diplôme égal en omettant l’importance des tous les autres critères qui forment l’employabilité d’une personne.

Aussi, la CPME reste réservée sur la nécessité de légiférer sous la forme proposée autour de la protection de l’emploi local et préfère mettre en avant la promotion de l’emploi local par quelques pistes de propositions citées ci-dessous de manière non exhaustive :

 

Proposition 1

Les dispositifs d’aide à l’emploi proposé par le SEFI doivent être réservés aux résidents depuis plus de cinq ans en Polynésie française. En effet, l’insularité et l’éloignement provoquent un déséquilibre d’égalité des chances et d’accès aux différentes formations des Polynésiens. Les priorités doivent donc être données sur des dispositifs tels que CSE , CAE, CTH, ACT, ACT PRO ,ACT PRIM , IFED     mais aussi tous les stages d’insertion dans les entreprises et l’apprentissage

 

Proposition 2

La défiscalisation locale constitue une aide non négligeable à l’investissement des entreprises. Elle doit aujourd’hui être accordée en priorité aux entreprises qui embauchent et se fournissent localement.

Des seuils minima d’embauches locales et/ou de créations d’emplois pourraient être mis en place pour tout investisseur souhaitant investir en Polynésie française.

 

Proposition 3

Obtenir une aide à la promotion de l’emploi local afin de permettre aux Polynésiens d’acquérir de nouveaux domaines de compétences en sollicitant la solidarité nationale au titre de l’égalité des chances ainsi que la modification des textes sur la continuité territoriale (Financement et ressources)