Hier matin, à l'assemblée de la Polynésie, les représentants ont approuvé deux projets de loi du pays portant création de deux nouveaux dispositifs d’aide à l’emploi baptisés "ACT" et "ACT PRO". Voici l'analyse de Virginie Bruant pour le compte du Rassemblement pour un mouvement autonomiste
Chers collègues,
Iaorana,
En liminaire, je souhaite remercier madame la Ministre de l’emploi qui est venue en commission présenter ses dispositifs avec, en support un « power point » très précis sur le paysage actuel des dispositifs d’aide à l’emploi et surtout les améliorations qu’il convient de leur apporter pour basculer, enfin, vers une véritable politique active de l’aide à l’emploi.
Ce premier point me paraît particulièrement intéressant quand le modèle métropolitain, souvent pris en référence, promeut lui une politique disons plus passive via une indemnité chômage.
Le soutien apporté aux entreprises pour les aider à recruter me paraît en effet plus vertueux que le soutien versé aux chômeurs pour vivre sans emploi.
Nous avons tous eu connaissance des éléments du dernier recensement de la population qui nous ont été rappelé en commission :
– une augmentation de la population en âge de travailler
– 34% des chômeurs sont sans diplômes
– 63% des chômeurs ont moins de 30 ans
– 45% d’entre eux n’ont jamais travaillé et sont donc sans aucune expérience à faire valoir.
Ce constat n’est pas forcément la résultante d’une inefficacité des dispositifs existants mais il est assurément le résultat d’un ensemble de facteurs auquel il faut aujourd’hui apporter des réponses.
Les deux principales réponses apportées par notre ministre résident d’une part dans la participation du FGP à ce dispositif d’aide, et d’autre part, à un soutien pérenne des entreprises pour les accompagner vers un recrutement durable.
C’est précisément pour cette raison que la CRE (conditionnée par la conclusion d’un CDD) n’a pas été reconduite et qu’il lui est préféré l’ACT qui sera accordé en contrepartie de la conclusion d’un CDI. L’entreprise sera dans ce cadre là accompagnée pendant 2 ans (et non pas seulement 4 mois sur la période du CDD). L’aide prenant la forme d’un remboursement forfaitaire des cotisations patronales à hauteur de 36 000 F CFP/mois. Certes, c’est moins que les 46 000 F CFP de la CRE me direz-vous, mais n’oublions pas que les 46 000 frs de la CRE étaient versé pendant 4 mois alors que la prise en charge forfaitaire des cotisations patronales se fera sur 24 mois…
Les chefs d’entreprise, tous secteurs confondus, ont souvent évoqué le poids dissuasif des cotisations patronales dans leur décision de recruter. Ce soutien sur 24 mois est une réponse concrète à leurs préoccupations. En attendant que la situation économique permette aux chefs d’entreprise de retrouver plus de sérénité, nous nous devons de les accompagner dans la réduction de leurs charges.
L’autre préoccupation, nous l’avons vu, est de fournir une formation aux demandeurs d’emploi souvent non diplômés. Le CED sera donc remplacé par l’ACT PRO, véritable soutien accordé aux entreprises en contre-partie de la conclusion d’un CDI fondé sur le principe de l’alternance. L’entreprise sera soutenue pendant 2 ans par la prise en charge de 33 puis 40% de la rémunération du bénéficiaire d’un ACT PRO et les dépenses liées à la formation seront financées par le FPG, sur les fonds mutualisés (et non sur les droits de tirage des entreprises).
Mais plus que la substitution de tel dispositif par tel autre ou l’amélioration de tel dispositif par tel autre, ce qu’il faut retenir ici c’est la volonté forte du gouvernement de favoriser la conclusion de CDI. Et parce que souvent il est difficile de recruter en CDI des gens sans diplômes alors le dispositif propose un volet « formation » avec l’objectif large d’avoir l’équivalent d’une formation à proprement parlé ou une adaptation à l’emploi voire une professionnalisation sur un poste.
Je vous remercie de votre attention.
Article de Tahiti news