Présentation de Chérifa Linossier
Vice-présidente de la représentation patronale du Pacifique sud 

Conférence économique de bassin : les entreprises du Pacifique
Délégation sénatoriale à l’Outre-mer

 
 
 
 

 
La zone Pacifique est le futur levier de croissance de l’économie mondiale en raison des marges de développement existantes et des multiples richesses naturelles et humaines sous-valorisées. Dans cette région du Pacifique sud, la France a la chance unique de disposer de trois territoires, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie-française et Wallis-et-Futuna, qui ont les moyens de devenir des moteurs de croissance économique pour le Pacifique sud. Or, cette zone régionale est trop souvent oubliée et sous-estimée malgré la présence d’entreprises dynamiques et performantes.
Afin de cerner les outils à développer pour accompagner le développement de ces territoires, et soutenir les nombreuses initiatives économiques des entreprises de la région, nous constaterons d’abord les similarités du tissu économique des territoires français du Pacifique, pour mettre en avant ensuite les réseaux de coopération existants entre les acteurs économiques de ces territoires, et enfin présenter les initiatives concrètes qu’ont pris ces économies pour un développement pérenne et autonome de leur région.
 
En raison  de leur insularité et de leur éloignement géographique avec les centres principaux de croissance, les territoires français du Pacifique font face à des enjeux et problématiques économiques semblables et disposent d’économies très similaires. En effet, les économies de ces territoires se caractérisent par un tissu économique fortement constitué de TPE et de PME, par une balance commerciale déficitaire, et une faible intégration régionale.

Dans le cas de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française, ces derniers disposent d’un tissu économique fortement constitué de TPE et de PME. Préalablement à toute présentation statistique, il est judicieux de préciser que le tissu économique de ces pays est tel, qu’en Nouvelle-Calédonie, il a fallu redéfinir les critères de définition des entreprises. Ainsi, si les TPE restent les entreprises de moins de 10 salariés, les entreprises considérées comme PME sont, en Nouvelle-Calédonie, des entreprises salariant entre 10 et 99 personnes, alors qu’en France, la définition de PME inclue des entreprises jusqu’à 250 salariés.

Ainsi, on notera qu’en Nouvelle-Calédonie, sur le 56 032 entreprises existantes au 1er janvier 2014, 54 735 sont des TPE de moins de 10 salariés dont 49 425 d’entre elles sont des entreprises individuelles. En Nouvelle-Calédonie, nous avons donc un tissu économique composé à 88% d’entreprises individuelles et 97% de TPE. Il en va de même pour la Polynésie-française où 97% des entreprises sont des TPE de moins de 10 salariés. Les économies des territoires du Pacifique sont donc structurellement composées de structures avec peu de salariés car le marché intérieur de ces pays ne le nécessite pas.

Caractérisées par un territoire insulaire et faiblement peuplé, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie-française disposent chacune d’un marché intérieur restreint qui freine le développement de leurs entreprises pourtant performantes et pousse leurs économies à une forte dépendance à l’importation. Alors que l’exportation pourrait compenser la faiblesse de leur marché intérieur, offrant un levier de croissance des entreprises performantes et de développement de nouvelles filières, cette dernière est très faible dans les trois COM du Pacifique, provoquant un déséquilibre structurel de leur balance commerciale. En Polynésie-français, le taux de couverture est ainsi de 10%, en Nouvelle-Calédonie de 50% (mais avec 92% des exportations étant composées de minerai). La croissance de l’économie des territoires du Pacifique est donc ralentit par cette faiblesse de l’exportation qui pourrait pourtant compenser la taille restreinte du marché intérieur et permettre le développement des entreprises locales performantes. Or, cette faiblesse de l’exportation s’explique en partie par la faible intégration régionale des territoires français du Pacifique dans leur région.

Les économies des territoires français du Pacifique se caractérisent par une insuffisante intégration régionale. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie-française et Wallis-et-Futuna, sont exclus des principaux accords économiques régionaux. Parmi ces accords,  PICTA (Pacific Island Countries Trade Agreement) qui regroupe la majorité des îles du Pacifique, ainsi que SPARTECA (South Pacifique Regional Trade and Economic Co-opération Agreement) et PACER (Pacific Agreement on Closer Economic Relations) qui lient ces mêmes îles avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande. En raison de cette faible intégration régional, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie-française et Wallis-et-Futuna sont donc exclus des principaux échanges commerciaux de la région, ce qui ne favorise pas l’exportation de leur économie, freine leur développement, et frustre les entrepreneurs performants.
 
C’est en raison de cet isolement au sein de la région Pacifique, mais également d’un isolement au sein des Outre-mer français, que la CGPME de Nouvelle-Calédonie et la CGPME de Polynésie-française se sont réunis au sein de la Représentation Patronale du Pacifique Sud (RPPS) afin d’unir leur force et tisser des relations entrepreneuriales entre les deux territoires. Les entrepreneurs de Wallis-et-Futuna seront bientôt présents au sein de cette organisation.

Créée en 2010, la RPPS a pour objectif de défendre les intérêts de ses membres (devant les autorités gouvernementales de chaque entité) représentés, auprès du gouvernement de la République française et des institutions européennes. Elle entend aussi promouvoir l’esprit d’entreprendre, la liberté de conception et d’innovation, au travers de l’entreprise et de ses salariés, comme un outil de développement des pays et collectivité qui la composent. Elle entend être à l’initiative de partenariats entre différents pays et collectivité qui la composent et ainsi dynamiser les échanges commerciaux, économiques et technologiques, entre chacun de ses membres. Enfin, la RPPS assure la promotion de ses actions, par l’organisation d’évènements et d’actions dans le monde.

Depuis la création de cette organisation, la RPPS est une réussite certaine. En effet, des relations commerciales nouvelles se sont tissées entre la Polynésie-française et la Nouvelle-Calédonie du fait du travail de mise en réseau des entreprises de ces deux territoires par la RPPS. De plus, la création de la RPPS a aussi permis à ses représentants de rencontrer chaque année le ministère des Outre-mer lors des Rencontres économiques du Pacifique Sud, dont les 4èmes éditions se tiendront en décembre prochain. Lors de ces rencontres, les entrepreneurs du Pacifique sud peuvent ainsi, au plus haut niveau de l’Etat, faire un point sur l’économie de la zone Pacifique, les financements des entreprises du Pacifique, les échanges économiques régionaux, la promotion des entrepreneurs du Pacifique et les leviers de croissance économique dans la zone océanienne.
 
Dans son objectif de promotion des échanges économiques régionaux, la RPPS organise en novembre 2016, un business forum du Pacifique, les Pacific Business Days, comme levier de croissance économique dans la zone océanienne. Comme indiqué plus haut, bien que partageant la même zone géographique, beaucoup d’économies du Pacifique n’ont que très peu d’échanges commerciaux au travers desquels, pourraient être mis en valeur leur production, leur savoir-faire et leur inventivité. La Représentation Patronale du Pacifique Sud, représentant plus de 2000 entreprises, estime que des pistes doivent être explorées en matière d’échanges commerciaux et de synergie économique dans la zone du Pacifique afin de développer un terrain propice à l’extension des activités des entreprises et à l’exportation de leur savoir-faire.

Cette initiative de la RPPS est l’occasion pour les pays du Pacifique de mettre en avant leurs compétences et savoir-faire afin d’étendre leur perspectives économiques et de devenir ainsi des catalyseurs d’une croissance inclusive et durable dans la région. Par la création des « Pacific Business Days », la Représentation Patronale du Pacifique Sud souhaite organiser un événement international dont les objectifs seront de développer les échanges économiques dans la zone Pacifique Sud en créant une zone océanienne d’échanges ; de mettre en relation entrepreneurs et investisseurs du Pacifique pour créer une synergie économique régionale ; de promouvoir les savoir-faire, les compétences et l’inventivité des entrepreneurs de la zone Pacifique Sud ; de lever les freins au développement économique entre ces différents pays en invitant les institutions ; de sensibiliser les politiques du Pacifique sur la nécessité de créer une zone économique du Pacifique au bénéfice des populations du Pacifique. Par le biais de ces Pacific Business Days, la Représentation Patronale du Pacifique Sud souhaite ainsi encourager une dynamisation des échanges entre les petites économies insulaires du Pacifique, une mise en avant des multiples opportunités de coopération économique entre elles et avec leurs voisins de la zone pour une croissance soutenue et pérenne des pays océaniens.